20

Publié le par Eric Valnerbauch

Les sentiers d’assiduité et d’effervescence journalières, épisodes d’enthousiasmes natifs aux fronts des feuilles vertes des vergers, nous auront trouvés de moins en moins animés par le citron bleu essentiel, de moins en moins habités par l’espoir souverain de l’épaisseur de nos branchages sous la lune, de plus en plus affublés de maintes superpositions quantitatives abusives, aussi complexes qu’arbitraires. Sur les tables, les exhibitions étalent les nappes, investissent les demeures. Les Marchands de tapis, qui ont fondé leur règne sur la paresse des peuples, ne rivalisent  guère plus que de dentelles superflues et d’épouvantes cyniques. La table primordiale n’a cependant pas changé. Eros et Thanatos se la disputent avec  une constance sans failles. Ce que d’aucuns s’évertuent aujourd’hui encore à nous faire perdre de vue, au détriment de l’épanouissement et de l’élargissement de nos vies et de nos vues.

Un tel raccourci, qui nous écarte de nos passions, si  répugnant soit-il à emprunter, indique très précisément par quelle tragédie de malandrins nous avons dilapidé les semences de la modernité démocratique, pour aboutir au désarroi critique. En somme, ce que le pouvoir bourgeois aura mis en place est pire que tout ce que le pouvoir  aristocratique avait pu exiger de la tolérance superstitieuse des paysans. Derrière des vies plus distraites et relativement plus confortables, ni la culture ni l’agriculture n’auront été globalement épargnées par une lente et sournoise gangrène collective.

Préférer la rouille en toute chose, à cet étalon de la pièce de monnaie tel qu’il étale quotidiennement les suffisances de ses piles ou faces, cela revient ici à renaître et grandir, au lieu de vieillir et pourrir.

Publié dans Eloge de la Rouille

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article