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Publié le par Eric Valnerbauch

La pensée qui maintient un certain ordre d'évidence, cette pensée virile, dont la puissance

est en acte, est la pensée glorieuse toujours capable d'actualiser la distinction de deux

tendances générales du langage : la notion et la fiction. Ces deux tendances relèvent toutes

deux, quoique différentiellement, du processus d'abstraction inhérent au langage. Il y aurait,

dès lors, pour la conscience intentionnelle qui, par necessité, tend à appréhender le Réel de

manières plus pointues et réfléchies que l'usage accoutumé et coutumier, et qui l'appréhendant,

non seulement le catalogue, mais l'invente aussi (aussi loin que produire des sciences du lan-

gage), deux points centraux indéfectibles en écriture : "l'ici et le maintenant" conceptuel, et l'ail-

leurs extatique littéraire, chacun ayant un aller-retour singulièrement multiple. L'art de l'écrivain _

le saut, alors que celui du philosophe serait le coup de force, les deux ayant en commun un glis-

sement de jeux de dés _ lieu où Science et Langage basculent inexorablement _ parages a dit

Mallarmé_ ; lieu inépuisable de l'insatiable corrélation de la poésie et de la vie _ Hôlderlin y est naître.

L'écriture recouvre la mémoire de la découverte du hasard, qui la définit sans qu'elle puisse le définir,

désastre sans cesse ajourné, ou encore, saut impossible dans le Sinistre. Le possible infini localisé,

l'essentiel quant à lui tend à fissionner ces deux points, et ce faisant, les fusionne jusqu'à l'écrasement

incandescent des deux _ et le point noir, sans reste, s'effondre hors de tout point. Pareille terminaison

finale, qui n'en finit jamais de resserrer la nodosité de la fiction et de la notion, sans reconduire vers

un point initial, là où pourtant rien ne com mence, ni alternance, est de toute clarté, la divination même

du Sinistre.

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